Roger Lambelin


Roger Lambelin, né à Laval (Mayenne) le 13 octobre 1857 et mort à Paris le 16 mai 1929, écrivain, journaliste et militant royaliste français.

Origine

Fils de Louis-François Théodore Lambelin et de Marie-Élisabeth Bertier, Roger Lambelin naît à Laval le 13 octobre 1857. Son père, né à Lille en 1815, est décoré de la médaille de Crimée, chevalier de l’ordre de la Légion d’honneur et de l’ordre de Pie IX et appartient à une vieille famille de terriens lillois, diversifiée depuis le XVIIe siècle, dans les activités d’épuration d’huile, d’extraction de pétrole et de transports maritimes, les Lambelin-Ternoy-Goube.

Dès 1872, Roger Lambelin adhère aux Cercles catholiques ouvriers, fondés par Maurice Maignen, le comte Albert de Mun, et le professeur François Guermonprez (1849-1932).

Saint-Cyr

Après de brillantes études à la Rochelle et à Paris, il intègre l’École spéciale militaire de Saint-Cyr en 1877. A l’Ecole, avec ses camarades Joseph de la Bouillerie et Louis de la Bruyère, il organise une association rattachée à l’œuvre des cercles catholiques et royalistes. A l’avènement de Léon XIII, ces trois saint-cyriens rédigèrent une adresse au Pape qui est signée par 140 élèves. L’affaire n’eut d’ailleurs pas de suite, mais Albert de Mun enjoignit aux « trois » de dissoudre leur association.

Il sort de Saint-Cyr trente-deuxième, où il est particulièrement apprécié pour son sérieux et sa rigueur : promotion de Plewna, en compagnie du futur maréchal Philippe Pétain, du futur père Charles de Foucauld et du marquis de Morès, fondateur de la Ligue anti-sémitique de France avec Édouard Drumont.

Carrière militaire

Il est nommé sous-lieutenant au 101e régiment d’infanterie, à Laval, où il reste deux ans. Affecté ensuite à Paris, il est nommé à la brigade typographique du génie de l’Est. Il profite de ces premières années de service pour passer ses examens de droit et pour aller, au cours de trois congés successifs, étudier en Angleterre l’organisation de l’armée anglaise. En 1883, il est nommé lieutenant au 115e régiment d’infanterie, à Mamers. L’Expédition du Tonkin étant décidée, il demande à passer dans l’armée coloniale. Il est envoyé au Tonkin en juin 1885 et y demeure jusqu’en octobre 1887, participant aux diverses opérations qui s’y déroulent. Il est blessé, d’un coup de feu à la tête, lors de l’assaut de Ba Dinh. À cette époque, il fait ses premiers écrits sous le pseudonyme de Raoul Loky. Proposé au choix pour l’avancement, il est promu capitaine, en octobre 1887, pendant la traversée de retour en France.

En 1888, il démissionne de l’armée pour rejoindre son père dans la Mayenne et se consacre à la politique et à la littérature.

Vie politique, journaliste

Il crée Samedi Revue, où Charles Maurras fait ses débuts. En 1889, il est un des fondateurs de la Jeunesse royaliste avec l’avocat Eugène Godefroy, Guéneau de Mussy et Paul Le Breton fils.

Au bout de deux ans, Samedi revue ayant dû cesser de paraître, il collabore régulièrement à La Gazette de France dans laquelle il rédige le bulletin de l’étranger. A plusieurs reprises il rend visite à Philippe d’Orléans, comte de Paris avec des groupes de la Jeunesse royaliste et des groupes d’ouvriers. Tous les ans, il organise un congrès de la Jeunesse royaliste.

Journaliste, il collabore, en même temps, à d’autres publications : The Economist, La Revue du monde catholique.

En mal 1894, il se présente au Conseil municipal de Paris. En ballottage avec Joseph Ménard, il l’emporte sur son concurrent avec une forte majorité et reste, pendant dix-huit ans jusqu’en 1912, le représentant royaliste du quartier des Invalides. En 1897, il achète à M. Turpin de la Tréhardière le Château de la Sicorie à Saint-Germain-le-Guillaume.

En 1899, il est fait chevalier de la Légion d’honneur. Collaborateur des débuts de l’Action Française, il préside, de 1909 à 1912, le Bureau politique du duc d’Orléans, le prétendant au trône, qu’il finit par quitter contre l’avis de ce dernier.

En 1908, il réorganise la Bibliothèque historique de la ville de Paris (projet voté au conseil municipal le 24 décembre).

Première Guerre mondiale

Le 1er août 1914, il rejoint à Cherbourg le 3e division d’infanterie coloniale et prend part à toute la retraite de la Marne. Il est blessé le 7 septembre d’une balle à la jambe au combat d’Écriennes lors de la Première bataille de la Marne ce qui lui vaut une citation à l’ordre de la brigade.

Il revient aux armées à peine guéri, et fait partie du corps expéditionnaire des Dardanelles, d’où il est envoyé en Egypte comme commandant d’armes des troupes françaises. Il quitte ce pays en mai 1916 avec les derniers détachements français, va commander à Rochefort-sur-Mer le dépôt des 3e, 23e et 33e colonial. En 1917, il est nommé au commandement du 14e bataillon malgache en Alsace (au côté du médecin ardéchois Jos Jullien) et apprend la langue de ses troupes. C’est là que l’atteint, en mai 1918, la loi sur le rajeunissement des cadres. Il est dans l’obligation de quitter l’armée, avant le jour J de la victoire.

Retour en politique

Après la guerre, il se consacre à la publication d’ouvrages antisémites où il dénonce des complots judéo-maçonniques, craignant que la constitution d’un État juif ne se fasse aux dépens des Arabes et embrase la région, entraînant les Occidentaux dans un futur volcan. Il préface la réédition de 1925 des Protocoles des sages de Sion, falsification antisémite, rejetant l’enquête du Times sur l’origine du document et son absence de fondement. Roger Lambelin contribue également à la propagande germanophobe menée par l’Action française.

En 1919, il est un des membres du conseil d’administration du Courrier du Maine. En 1922, il devient directeur de la Revue des questions historiques, qu’il sauve d’une faillite annoncée.

Il meurt en 1929. L’Église refuse les obsèques religieuses, en raison de son appartenance à l’Action française, condamnée par le Vatican trois ans plus tôt.

Vie privée

En 1896, il épouse Marie Gabrielle Bon de Gayffier, qui meurt en 1910 d’une longue agonie. En mai 1914, il épouse Anne de Mas Latrie, alors âgée de 36 ans, dont le grand-père Louis de Mas Latrie, est, avec le marquis de Beaucourt, le fondateur de la Revue des questions historiques.