Roger Lambelin – Protocoles des sages de Sion

Février 1925. Depuis tantôt quatre ans que fut publiée la première édition de cette traduction de la version russe de 1912, les Protocoles ont fait couler des flots d’encre. De nouvelles traductions parurent notamment dans un des pays où le péril juif semble le plus avéré – en Roumanie – et les discussions se poursuivirent dans la presse pour tâcher de percer les voiles mystérieux qui enveloppent ce document si ardemment étudié et commenté. Du côté chrétien parurent, en 1922, une étude fort intéressante de Mgr Jouin, sur les Protocoles de G. Butmi, d’après l’édition de 1901, et un ouvrage historique de Mrs Nesta Webster où l’Illuminisme de Weishaupt est présenté, avec citations à l’appui, comme l’une des sources des doctrines et des méthodes exposées dans les Protocoles. Du côté juif et philo-sémite, tout fut mis en oeuvre, en France, en Angleterre, aux Etats-Unis, en Allemagne, pour tâcher d’enlever au fameux document la valeur, l’autorité, qu’il tenait de son texte même. MM. Salomon Reinach, Lucien Wolf, Zangwill et une pléiade d’écrivains qui n’étaient pas tous juifs, s’appliquèrent à démontrer qu’il ne fallait pas attribuer à Israël l’éclosion du bolchevisme russe, et les hypothèses les plus variées furent émises sur l’origine d’un pamphlet dont l’auteur ne pouvait être qu’un agent de la police tsariste, désireux de provoquer des pogroms. Cependant, en raison de leur nombre, et de l’absence de preuves susceptibles de les étayer, les hypothèses ne semblaient guère vraisemblables. Le comité de presse institué par les organisations juives de Londres pour combattre ce qu’on appelait « un nouvel antisémitisme » était à bout de souffle quand, soudain, le Times annonça une mirifique découverte. C’en était fini du mystère cachant l’origine des « Protocoles ». Le pamphlet était bien un faux, une forgery ; Israël pouvait se réjouir, remercier Jéhovah : ses ennemis étaient confondus, pulvérisés… En trois articles, parus dans ses numéros des 16, 17 et 18 août 1921 le Times racontait sa découverte. Son correspondant de Constantinople avait reçu d’un Russe réfugié en Turquie, après promesse faite de ne jamais révéler son nom, un livre de petit format ayant pour titre Dialogue aux Enfers entre Machiavel et Montesquieu et pour auteur Maurice Joly. Ce Préambule rocambolesque offrait-il quelque intérêt ? C’est douteux, mais cela donnait un petit parfum romantique au récit, d’autant que le Russe, prudent et désireux de garder l’incognito, était qualifié d’ancien membre de « l’Ochrana » (police secrète russe).
Le livre figurait au catalogue du British Muséum et de la Bibliothèque nationale. Il avait paru à Bruxelles à la fin de l’Empire et avait valu à son auteur une condamnation pour « excitation à la haine et au mépris du gouvernement impérial. ». Il était donc superflu d’aller à Constantinople pour le découvrir. Dans le pamphlet politique, dirigé contre Napoléon III, il n’est aucunement question des Juifs. Mais Maurice Joly formule, par l’organe de Machiavel, toute une théorie sur le gouvernement des peuples comprenant : légitimation des coups d’Etat, établissement d’un pouvoir tyrannique, fondé sur la corruption, la domestication de la presse, de la magistrature, de l’Université, soutenu par la police et la force armée. Par une transposition facile, ce pouvoir tyrannique, défini par Machiavel, peut s’appliquer à l’impérialisme d’Israël aussi bien qu’à l’absolutisme napoléonien. De fait que certains passages des Protocoles sont soi-disant inspirés de paragraphes du Dialogue aux Enfers, toute la presse juive et même certains journaux qu’on croyait indépendants, en ont déduit que 1er petit livre révélé par Nilus et Butmi était une Supercherie, un « faux » au même titre que les Monita Secreta attribués naguère aux Jésuites. Cependant Maurice Joly était un républicain fanatique, peu suspect de s’être prêté à une manoeuvre contre la démocratie et les Juifs. Qui donc avait pu se servir de son pamphlet pour le transformer en arme de guerre, en char d’assaut manié par les antisémites ? Le Times et quelques autres feuilles donnèrent libre cours à leur imagination et firent intervenir dans l’affaire l’hypnotiseur Philippe, le grand duc serge Alexandrovitch, une princesse Radziwill, et finirent par attribuer la paternité des Protocoles à un trio de policiers russes…
Mais cette attribution n’était encore qu’une hypothèse et aucune application plausible, aucun témoignage valable n’en établissait la véracité. En nous maintenant strictement sur le terrain de la critique historique, il faut reconnaître que l’origine des Protocoles demeure mystérieuse et que son auteur ou ses auteurs restent inconnus. Toutefois quelles que soient les sources du document, son texte vaut d’être retenu et divulgué. Si le texte des Protocoles porte en soi un enseignement, offre un intérêt puissant et actuel, c’est parce qu’il procède d’inspirations juive et maçonnique et montre de quelle manière les sociétés secrètes, la corruption, le terrorisme peuvent être utilisés par Israël pour réaliser sa domination mondiale. Cette mystérieuse brochure, selon le mot du Morning Post est un « varie mecum des méthodes par lesquelles de grands empires ont été et peuvent être détruits. »

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ISBN : 9781648580505
Format : Livre de poche
Nombre de pages : 108
Dimensions : 152 x 229 x 7 mm