Philippe Henriot, né le 7 janvier 1889 à Reims et mort le 28 juin 1944 à Paris, était un député national, figure de la droite nationale catholique, et ministre de l’État français.
Philippe Henriot voit le jour le 7 janvier 1889 à Reims, né d’un père officier d’infanterie, et issu d’une famille de la bourgeoisie catholique champenoise. La France reste alors profondément traumatisée par sa défaite de 1870-1971 contre la Prusse de Bismarck et ses alliés allemands.
La sensibilité de Philippe va être façonnée par le contexte de l’époque, surtout celui de l’Est. Reims est alors proche de la frontière germanique du fait de l’annexion par l’Empire allemand des départements d’Alsace et de Moselle à la suite du Traité de Francfort (10 mai 1871). Et cette proximité, qui fait se tourner les regards champenois vers la « ligne bleue des Vosges » avive le souvenir d’une humiliation récente et encore très cuisante. Philippe Henriot vit son enfance dans la blessure de la « patrie mutilée ». A cela s’ajoute la vie politique intérieure. Au pouvoir, les républicains multiplient les attaques contre l’Eglise catholique, qui vont culminer avec l’interdiction des congrégations par le ministère Combes en 1904, la confiscation des biens des communautés religieuses et la Loi de Séparation de 1905. Philippe Henriot verra les catholiques manifester contre cette politique anticléricale et subir la répression des forces de l’ordre républicain. Il verra ses parents mortifiés par cette violence des ennemis du christianisme, tous francs-maçons et incroyants. Son père sera constamment déchiré entre son devoir d’officier, qui lui impose le silence et l’obéissance à un pouvoir politique qu’il réprouve, et sa fidélité à l’Église catholique, persécutée. La République lui apparaît comme fille de la défaite, de la haine et de l’Antéchrist, et le règne de l’injustice et de la violation du droit. Un tel climat attise les passions. Tout le pays, la Champagne particulièrement, connaît l’efflorescence d’un nationalisme catholique, antirépublicain et revanchard, représenté dans l’Est par Maurice Barrès, élu député en 1889, quelques mois après la naissance de Philippe. C’est ce nationalisme qui va forger la personnalité de ce dernier. Avec l’antisémitisme, réveillé par Drumont et amplifié par l’Affaire Dreyfus.
Philippe poursuit ses études secondaires au collège Saint-Jean à Versailles, à Notre-Dame à Cambrai, puis effectue ses études supérieures à l’Institut catholique de Paris et à la Sorbonne. Licencié ès lettres, il devient professeur au collège Charrier de Sainte-Foy-la-Grande, en Gironde, en 1909. Il est très apprécié des familles de ses élèves, au point qu’il épouse la sœur d’un de ceux-ci en 1914. Ce mariage se révèle pour lui une bonne affaire, puisque son beau-père est un riche exploitant viticole qui ne manquera pas, et assez vite, de confier à son gendre la gestion de son domaine. Ainsi donc, à vingt-cinq ans, Philippe Henriot accède à une position solide de notable. Une affection pulmonaire lui vaut d’échapper à la mobilisation durant la Grande Guerre.
Philippe Henriot se sent, depuis son enfance, une vocation littéraire. Il publiera un recueil de poèmes, La clairière aux sources, et deux romans, La Prison du silence (1920) et La tunique de Nessus (1922). Il donne également des nouvelles et des articles de critique littéraire dans diverses revues.
Des débuts politiques prometteurs
Jusqu’au milieu des années 1920, Henriot ne fait pas de politique, et se contente de remâcher son aversion à l’égard du régime de la IIIe République. Mais les mesures anticléricales du Cartel des Gauches, en 1924, décident Henriot à entrer dans l’arène, décidé à combattre. Le 20 octobre 1924, il devient directeur du journal L’Action catholique, à Bordeaux. Et, dans la foulée, il adhère à la Fédération nationale catholique (FNC) que vient de fonder le général de Castelnau. Très peu de temps après, il intègre l’Union populaire républicaine de la Gironde, petite formation affiliée à la FNC, que vient de créer un prêtre dynamique, l’abbé Bergey, député de la Gironde, dont Henriot devient l’ami. L’importance de son activité militante l’amène à quitter l’enseignement en 1925. Il fait des tournées de conférences en Gironde et dans une grande partie de la France pour défendre les droits de l’Eglise. Il est apprécié du général de Castelnau. Pendant quelque temps, il dirige La Liberté du Sud-Ouest, le périodique de l’abbé Bergey.
En 1928, il se présente dans l’arrondissement de Libourne, mais son résultat au premier tour l’oblige à se retirer ; il appelle alors à voter pour le député sortant, le colonel en retraite Yves Picot, président de l’association des Gueules cassées. En 1932, il a plus de chance : l’abbé Bergey lui laisse son siège, et il est élu député de Bordeaux, au second tour avec 6671 voix contre respectivement 4 951 et 799 à ses deux adversaires. Il sera réélu en 1936. Cette réélection ne se déroule pas sans difficultés. Henriot est élu de justesse au second tour, le 3 mai 1936, avec 6 474 voix contre 6 382 à son adversaire radical, Guillet. Presque aussitôt après, il voit son élection annulée à la suite d’un rapport du 4ème Bureau sur les Opérations électorales, qui conclut à une irrégularité. Obligé de retourner devant les électeurs girondins, il est finalement réélu le 27 septembre, et, cette fois, largement, par 6 320 voix contre 3 419 à son nouvel adversaire, Bonnafous.
Un député de choc
Au Palais-Bourbon, Philippe Henriot se révèle un député de droite des plus actifs, membre des commissions les plus diverses : celles de l’enseignement et des beaux-arts, des boissons, des comptes définitifs et de l’économie, et de l’industrie aéronautique. Profondément engagé, il se pose, à la tribune, comme l’un des plus acerbes contempteurs du « second Cartel des Gauches » (juillet 1932-février 1934) dont il critique le projet de réaliser une « Ecole unique », qu’il rend responsable du marasme économique, et qui, pour finir, est éclaboussé par le scandale de l’Affaire Stavisky. Lorsqu’éclate ce dernier, Henriot prononce de cinglants discours qui contribuent à pousser Camille Chautemps, président du Conseil, à donner sa démission, l’un de ses ministres étant compromis (28 janvier 1934).
Anticommuniste, il cherche à faire invalider par les députés le traité d’assistance mutuelle franco-soviétique conclu le 2 mai 1935. Ce traité, dirigé contre la menace hitlérienne, déjà prévisible, fut signé à Paris par les deux ministres des Affaires étrangères : Laval (gouvernement Flandin, France) et Litvinov (commissaire du peuple aux affaires étrangères de Staline, en URSS). Il voit dans ce traité un instrument de pénétration du communisme en France et le moyen pour l’URSS de déclencher une guerre entre la France et l’Allemagne, afin d’éloigner de ses frontières la menace que cette dernière constitue pour elle. En cela, il n’a pas tort, car Staline espérait bien que le traité aurait cette conséquence.
A partir de 1936, il combat le Front populaire avec frénésie. Il critique violemment Léon Blum et ses ministres (tout spécialement Roger Salengro, Vincent Auriol et Léo Lagrange) et attaque également le parti communiste qui soutient le gouvernement sans y participer. Il n’épargne pas le ministère Chautemps, qui succède au ministère Blum en juin 1937.
Un représentant de la droite nationale catholique
Philippe Henriot se considère comme un représentant de la droite catholique, hostile au souvenir et à l’héritage de la Révolution française, à l’Ecole publique ferryste, à l’Université rationaliste et libre-penseuse, à la franc-maçonnerie, anti-jacobine, résolument décentralisatrice, encline au corporatisme en matière sociale, nationaliste, mais à condition d’expurger la ferveur nationale de la célébration des soldats de l’an II. Cette droite, c’est celle de la Fédération républicaine de Louis Marin, au groupe parlementaire de laquelle appartient Philippe Henriot, des Croix de Feu du colonel de La Rocque, et surtout des Jeunesses patriotes de Pierre Taittinger, avec lesquelles Henriot entretient les plus cordiaux rapports. Il deviendra même vice-président des formations successives qui se substitueront aux Jeunesses patriotes, dissoutes par le ministère Blum en 1936 : parti national populaire (PNP), parti national et social (PNS), puis parti républicain national et social (PRNS), tout en demeurant inscrit au groupe parlementaire de la Fédération républicaine. Contre les francs-maçons, il donne à Paris (salle Wagram) une conférence intitulée « Les méfaits de la franc-maçonnerie », publiée par la Ligue nationale anti-maçonnique en 1934.
A l’instar de la Fédération républicaine et des Jeunesses patriotes, Philippe Henriot est persuadé que la République peut être refondée sur des bases catholiques, décentralisatrices, avec, à sa tête, un Etat fort. A cet égard, il se situe dans le sillage du catholicisme social des Frédéric Le Play, Denys Cochin, Jacques Piou, Albert de Mun. Catholicisme social, mais non catholicisme libéral (Henriot n’est pas un descendant de Mgr Dupanloup ou de Montalembert) et moins encore démocratie chrétienne : notre homme ne se reconnaît ni dans le Sillon de Marc Sangnier, ni dans le parti démocrate populaire. Aussi, catholique avant tout, Henriot ne se sent pas attiré par L’Action française, trop rationaliste, trop laïque, même s’il partage avec elle la haine de la République maçonnique, un nationalisme ombrageux et le culte de l’ancienne France. Et la condamnation du mouvement par le pape Pie XI en 1926, creusera encore davantage le fossé entre eux. Ses affinités, il les trouve chez Jacques Chevalier, philosophe catholique antidémocrate, ou son collègue de la Chambre, Xavier Vallat.
Dès cette époque, Henriot doit son succès à son éloquence passionnée, chaude, et littéralement captivante. Ses interventions acerbes le désignent comme l’un des députés de droite les plus offensifs, et ils provoquent parfois des incidents dont il est la première victime : ainsi, lors de la séance du 21 février 1936, il est giflé par le député communiste Yves Ramette à la suite d’une de ses sorties contre le PCF. Il apparaît comme le meilleur orateur de la droite catholique, avec son ami Xavier Vallat et Jean Le Cour Grandmaison, ancien officier de marine, qui ne suivra cependant pas Henriot et Vallat dans leur évolution vers le fascisme.
Très attaché à la liberté de l’enseignement, Henriot n’avait, a priori, guère d’affinités avec les régimes fascistes, centralisateurs, emprunts parfois de paganisme et de nietzschéisme, se présentant volontiers comme révolutionnaires (à leur manière) et soumettant l’enseignement à leur tutelle. Cependant, le 15 novembre 1934, lors d’une conférence au théâtre parisien des Ambassadeurs, il exprime son admiration pour Mussolini et déclare voir dans la Rome de 1930 « la continuation de la Rome antique ». Mais ce fugace témoignage d’admiration n’a rien d’une conversion. Quant à l’Allemagne, il lui voue l’aversion traditionnelle de sa famille et de la droite catholique française.
Philippe Henriot reste alors un notable catholique français bien typique, qui voit dans son pays la fille aînée de l’Église et répugne à trouver des modèles politiques à l’étranger.
Un rapprochement avec l’Allemagne dicté par la raison
Et pourtant, il va se rapprocher et du fascisme et de l’Allemagne. Deux éléments vont y contribuer : le danger pour la France, de la situation internationale à partir de 1936, et l’avènement du Front populaire.
Henriot comprend, dès la réaction veule du ministère Sarraut lors de la remilitarisation de la Rhénanie (7 mars 1936) que la France n’aura ni le courage ni la capacité de s’opposer aux entreprises bellicistes de l’Allemagne, dont il discerne que cet événement n’est que le prélude. L’Anschluss (12 mars 1938) le confirme dans son diagnostic sur la pusillanimité du gouvernement français. Et la Grande-Bretagne se montre tout aussi timorée. Elle n’est donc pas un allié utile, et cela conforte Henriot dans le sentiment anglophobe qu’il tient de ses origines. Henriot sait également que l’Allemagne a d’ores et déjà reconstitué sa puissance militaire en la modernisant, et que l’armée française ne lui résistera pas en cas de conflit. La cause de cette faiblesse, il la voit dans la désastreuse politique pacifiste briandiste des années 1920. Il en tire la conclusion de la nécessité d’un rapprochement avec notre voisin d’outre-Rhin, d’autant plus que la prise de position de la France contre l’Italie, durant la guerre d’Ethiopie, a jeté Mussolini – jusqu’alors un allié possible – dans les bras d’Hitler. Aussi approuvera-t-il les accords de Munich (30 septembre 1938). Et, sous l’Occupation, il dénoncera les erreurs fatales pour la paix des ministères successifs d’avant-guerre.
Le second élément expliquant l’évolution pro-allemande d’Henriot est la politique calamiteuse du Front populaire. Celui-ci a porté le marasme économique à son comble et lui a ajouté le désordre social. En regard, l’Allemagne donne l’exemple de l’ordre, de la prospérité et de la grandeur. Il est intéressant de noter que l’évolution d’Henriot à l’égard de l’Allemagne est dictée par la conjoncture politique. Elle n’a rien d’un engouement idéologique. Même très engagé dans la politique de Collaboration, Henriot restera un catholique traditionaliste profondément français, comme Xavier Vallat.
Un collaborateur résolu mais demeuré très français et traditionaliste
Et c’est en tant que tel que le 10 juillet 1940, il vote les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. La Révolution nationale du « premier Vichy » (juillet 1940-février 1941) répond à ses convictions. Il approuve tout spécialement la politique scolaire du nouveau régime : suppression des écoles normales d’instituteurs, rétablissement de l’instruction religieuse dans les écoles publiques, subventions aux écoles libres, abrogation de la loi de 1904 interdisant les congrégations enseignantes. Le parti pris du régime de rompre avec le legs de la Révolution, ses mesures anti-maçonniques, son orientation ruraliste, rencontrent sa pleine adhésion. Il fait partie de ces intellectuels qui, comme Gustave Thibon, saluent en Vichy le régime qui restaure les valeurs de la vraie France. Il fait aussi partie de ces catholiques qui, comme Xavier Vallat et Jacques Chevalier, demeurent fidèles à Vichy après février 1941, alors que le régime prend ses distances avec l’orientation réactionnaire de ses débuts pour entrer dans une période volontiers moderniste et favorable à un engagement de la France aux côtés de l’Allemagne. A la différence de Doriot, Déat, Drieu La Rochelle, Brasillach, Châteaubriant, Bonnard, son attitude ne procède pas d’une fascination pour l’Allemagne nazie, ni du désir de voir instaurer en France un régime imité du sien, mais de la conviction que le Reich joue le rôle de fer de lance de l’Occident chrétien contre le bolchevisme d’une part, le matérialisme anglo-saxon protestant et mercantile d’autre part. Aussi approuve-t-il l’invasion de l’URSS par l’Allemagne. En cela, il est en parfait accord avec Mgr Mayol de Lupé, catholique de feu et de fer, qui deviendra aumônier de la Légion des Volontaires Français (LVF).
Henriot, lui, œuvre à la création du Service d’ordre légionnaire (SOL) (janvier 1942), puis de la Milice (janvier 1943). Collaborateur résolu, il ne devient cependant pas national-socialiste et reste étranger à tout romantisme germanique. A l’instar de Mgr Mayol de Lupé, Vallat et Darnand, il est de ces catholiques qui font le pont entre d’une part les éléments traditionalistes et germanophobes de Vichy, d’autre part tous les milieux collaborationnistes parisiens qui, eux, se réclament ouvertement du fascisme et se présentent comme “révolutionnaires”.
Un orateur redoutable
Comme naguère à la Chambre, c’est par son éloquence qu’Henriot va se distinguer sous l’Occupation. Du 7 février 1942 au 20 décembre 1943, il prononce chaque dimanche une allocution à la Radio nationale de Vichy. Puis, à cette date, il devient éditorialiste du Radio Journal de France de Radio Paris. Ses discours passionnés, chargés d’émotion, prononcés dans une belle langue et d’une voix dont la chaleur et la suavité n’ôtent rien à la fermeté, subjuguent tous les auditeurs, fussent-ils d’opinions opposées à la sienne. Ils lui assureront une postérité durable. Ses cibles sont les Alliés et le capitalisme boursier anglo-saxon, l’URSS et les communistes, le lobby juif mondial, la Résistance et de Gaulle. Dialecticien subtil, il sait se montrer convaincant. Si convaincant que la France Libre s’inquiète de son ascendant sur la population et engage avec lui une guerre des ondes menée contre lui par Pierre Dac à Londres. Il condamne la IIIe République finissante des années 1930 et justifie son ralliement au maréchal Pétain et à la politique de collaboration avec l’Allemagne dans Comment mourut la paix. Le procès des responsables (1941). Il rassemble maints de ses discours et allocutions dans Philippe Herriot vous parle au radio-journal de France (1944), et dépeint les Alliés sous les plus noires couleurs dans un recueil d’allocutions intitulé Et s’ils débarquaient (1944). Il convient de noter ici que Henriot n’est pas le seul orateur attitré de la Collaboration. Il partage cette caractéristique avec Jean Hérold-Paquis, autre chroniqueur de Radio Paris ; et bien des auditeurs de l’époque confondent les deux hommes.
Sous la pression d’Abetz, Henriot devient secrétaire d’Etat à l’Information et à la Propagande le 6 janvier 1944. Malgré les défaites et reculs successifs de la Wehrmacht, il n’a aucun doute sur la victoire finale de l’Allemagne, à l’instar de Darnand, Doriot et Déat. Il se démène. A la fin mars 1944, il se rend en Haute-Savoie, après une grande offensive des Allemands et de la Milice contre le maquis des Glières. Là, il ridiculise, devant la population, des résistants captifs qu’il vient d’interroger en soulignant l’incohérence de leurs propos. En juin, il se rend en Allemagne, où, après avoir conversé avec von Ribbentrop et Goebbels, il galvanise des travailleurs français du STO.
C’en est trop pour la Résistance qui veut étouffer cette parole dangereuse pour son action. Et, le 28 juin 1944, au petit matin, des membres du Comité d’action militaire supervisant les Forces Françaises de l’Intérieur (FFI) à direction communiste (COMAC) l’abattent à son appartement du ministère de l’Information du 10 rue de Solférino, à Paris. L’Etat français lui accordera des obsèques nationales, et une cérémonie religieuse aura lieu à la cathédrale de Paris, le 2 juillet.
Un amoureux des papillons
Il existe un aspect méconnu de la vie de Philippe Henriot : sa passion pour les papillons. Il y consacra tout son temps libre. Étudiant avec le plus vif intérêt toutes les variétés de lépidoptères du département de la Gironde, il écrivit sur le sujet de nombreux articles dans une revue, L’Amateur de papillons, dont il devint membre du comité de lecture en 1938.
La vérité de Philippe Henriot
Le souvenir de Philippe Henriot reste associé à celui de la Collaboration avec le national-socialisme. En fait, Henriot fut avant tout un représentant éclatant de la droite nationale catholique de la première moitié du XXe siècle, très française, traditionaliste, ennemie de l’Etat moderne omnipotent, attachée aux libertés réelles des personnes, des communes, des régions et des professions. Les figures éminentes de cette droite forment une chaîne généalogique qui inclut Louis de Bonald, Antoine Blanc de Saint-Bonnet, Frédéric Le Play, François-René de La Tour du Pin, Mgr Freppel, Albert de Mun, Henri-Constant Groussau et Xavier Vallat. En son sein, les éléments les plus offensifs s’engagèrent aux côtés de l’Allemagne (dont les soldats étaient perçus comme de nouveaux Chevaliers teutoniques) au nom de la croisade contre le communisme et le mercantilisme juif et anglo-saxon. Henriot fut de ceux-là, comme Mgr Mayol de Lupé et Darnand. Là est sa vérité.