Ferdinand Ossendowski


Ferdinand Antoni Ossendowski, armories Lis, né le 27 mai 1876 près de Ludza (aujourd’hui en Lettonie) et mort le 3 janvier 1945 à Milanówek près de Varsovie, est un géologue, explorateur, homme politique et auteur polonais de récits d’aventures et de voyages. Pourchassé par le tsar pour ses idées avant d’être condamné par les bolcheviks en 1920, il est l’auteur du roman Bêtes, Hommes et Dieux.

Appelé « le Robinson Crusoé du vingtième siècle », il a été lauréat de l’Académie française.

Enfant, il s’installe avec son père médecin à Saint-Pétersbourg où il suit sa scolarité en russe. Il s’inscrit à l’université et entame des études de mathématiques, de physique et de chimie. Il commence alors à mener des voyages d’étude puis parcourt les mers d’Asie à bord d’un bateau qui assure la liaison maritime entre Odessa et Vladivostok. Il publie ses récits consacrés à la Crimée, à Constantinople et à l’Inde.

En 1899, à la suite d’émeutes étudiantes, il se rend à Paris où il poursuit ses études à la Sorbonne, ayant notamment le chimiste et académicien Marcellin Berthelot comme professeur ; il y a également rencontré sa compatriote Marie Curie. Il retourne en Russie en 1901 et enseigne la physique et la chimie à l’Institut de Technologie de l’Université de Tomsk, en Sibérie occidentale. Il donne aussi des cours à l’Académie d’Agriculture et publie des articles consacrés à l’hydrologie, à la géologie, à la physique et à la géographie.

En 1905, il est nommé au laboratoire de recherches techniques de Mandchourie, chargé de la prospection minière, et dirige le département de la Société russe de géographie à Vladivostok. Il visite à ce titre les îles de la mer du Japon et le détroit de Béring. Il est alors un membre influent de la communauté polonaise de Mandchourie et publie, en polonais, son premier roman, Noc (La Nuit).

Impliqué dans les mouvements révolutionnaires, il est arrêté et condamné à mort. Sa peine sera commuée en travaux forcés. En 1907 il est relâché avec l’interdiction de travailler et de quitter la Russie. Il se consacre alors à l’écriture de romans, en partie autobiographiques, qui lui permettent de regagner la grâce des dirigeants. En février 1917, il est nommé professeur à l’Institut polytechnique d’Omsk, en Sibérie. Lorsqu’éclate la Révolution d’Octobre, il se rallie aux groupes contre-révolutionnaires, et accomplit différentes missions pour le chef du gouvernement anti-bolchévik Alexandre Koltchak, qui fait de lui son ministre des finances.

Condamné à fuir avec d’autres compagnons, il raconte son épopée dans Bêtes, Hommes et Dieux, qui sera publié en 1923. Le récit, qui se présente comme un livre d’aventures vécues, commence au moment où Ossendowski vient d’apprendre qu’on l’a dénoncé aux Bolcheviks et que le peloton d’exécution l’attend. Il emporte un fusil et quelques cartouches et gagne la forêt dans le froid glacial. Commence ainsi une course-poursuite dont il ne sortira vivant, pense-t-il, que s’il réussit à gagner à pied l’Inde britannique, par les passes de Mongolie, puis le désert de Gobi, puis le plateau tibétain, ensuite l’Himalaya. En réalité, il ne pourra pas atteindre le Tibet et il devra revenir en Mongolie en proie aux troubles de la Révolution mongole de 1921.

Au cours de son périple, Ossendowski rencontre le baron von Ungern-Sternberg avec qui il passe dix jours à Ourga. Avec l’aide de ce dernier, il arrive finalement à joindre la côte du Pacifique et les États-Unis. C’est là qu’il s’arrête. Refusant de retourner en Asie, il décide de s’installer à New York et publie son récit Bêtes, Hommes et Dieux. Le livre sera traduit dans vingt langues et sera publié 77 fois. Ossendowski est alors l’un des cinq écrivains les plus populaires dans le monde, et ses livres sont comparés avec les œuvres de Rudyard Kipling, d’Albert Londres ou de Karl May.

En 1922, il se rend en Pologne et s’installe à Varsovie. Il enseigne alors à l’université, à l’École supérieure de guerre et à l’Institut d’études politiques de la capitale. Dans le même temps, il est fréquemment consulté par le gouvernement sur les questions liées à la politique soviétique.

Tout en continuant de voyager, il publie différents ouvrages qui le feront considérer comme l’un des auteurs polonais les plus populaires, y compris à l’étranger. Il réédite le succès de son premier récit avec un livre consacré à Lénine, dans lequel il critique sévèrement les méthodes des dirigeants communistes en Russie.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Ossendowski reste à Varsovie où il participe au gouvernement clandestin de Pologne sur les questions d’éducation. De confession luthérienne, il se convertit au catholicisme en 1942. Malade, il s’installe en 1944 dans le village de Żółwin, près de Milanówek où il meurt le 3 janvier 1945. Les militaires soviétiques qui avaient réussi à s’emparer de la région le cherchaient pour l’arrêter en tant qu’ennemi du peuple à la suite de ses écrits anticommunistes. Il a fallu déterrer son corps pour apporter la preuve de sa mort. Ses ouvrages ont été, par la suite, interdits par le gouvernement communiste de Pologne jusqu’à la chute du régime en 1989.